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29 décembre 2012 6 29 /12 /décembre /2012 19:08

 

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Zack posa le lourd carnet sur la table de son bureau. Il éprouvait une étrange réserve à lire la suite du récit. Cela ressemblait bien à un roman à l’eau de rose. Tout cela était très imagé, aussi innocent qu’une écriture adolescente. Il empoigna son verre de whisky avec force. La glace tinta dans le liquide ambré. Les stores de la pièce étaient fermés, et une étrange odeur de renfermé régnait dans la pièce. Seule la lampe sur pied éclairait les quelques doutes qui régnaient en lui. Il se sentait vaporeux, un peu perdu. Il avait jusqu'à présent réussi à déchiffrer facilement les premières pages. Une écriture assez soignée, penchée, des r et des t aux rondeurs encore imprécises. Zack était persuadé que cette écriture n’était pas innocente, que son auteur avait choisi ses mots. Que chaque image avait été réfléchie en amont, comme on planifie un crime crapuleux des semaines à l’avance. On frappa à la porte. Il porta son regard vers la poignée, qui se tordit en quelques microsecondes qui lui parurent des heures. La secrétaire se tenait là, sur le pas de la porte, elle attendait qu’on lui donne la parole.

 Qu’y a t-il, Helena ?

 Désolé de vous déranger, monsieur. Un détenu veut vous parler, il semble que ce soit important. Je lui ai dit que vous étiez très occupé, mais il a… comment dire… insisté,  à sa manière.

 Je ne réponds pas à tous les caprices de mes résidants, Helena. Vous devriez le savoir plus que quiconque. Ca ne peut vraiment pas attendre ?

 Il menace de se mutiler si vous n’allez pas à sa rencontre. Et tout porte à croire que c’est très sérieux.

Bien. Demandez à Peter et Bob qu’ils m’escortent, je ne veux rien risquer avec ces tarés.

Ils sont déjà là, monsieur.

 

Zack Winter se leva de son siège confortable, reposant le verre de whisky à côté du manuscrit. Il prit ses clefs dans un des tiroirs droits, mit son manteau qui était resté accroché derrière la porte, mais ne put chasser sa moue, dégoûté d’être dérangé dans ses méditations par un pauvre bougre qui allait certainement clamer son innocence, comme les trois quarts des types enfermés ici. Bob était là, dans le long corridor, devant la porte du bureau des gardes. Il attendait qu’on veuille bien venir à lui. Zack détestait ces types, ils ne lui inspiraient que de l’ennui. Un ennui qu’il matérialisa en refermant lentement et à double tour sa porte. Il avança dans ce couloir sombre, seulement éclairé par la lumière du jour qui dépassait des fenêtres cachées.

 

Bonjour, boss. Désolé de vous déranger. C’est Harper. Il a des revendications, et il ne veut parler qu’a vous.

Vous auriez du tenter de le raisonner, je ne suis pas un émissaire ni un pigeon voyageur.

Nous avons tenté de le calmer, bien sûr. Peter est en bas, dans la fosse. Il nous attend.

 

Il se demandait toujours ce qu’il y avait dans ce bouquin. Et surtout qui lui avait envoyé, et pourquoi à lui ? Avait-il un rapport de près ou de loin avec cette histoire ? Il n’en avait pas le souvenir, mais tout ce qu’il voulait à présent, c’était en connaître la suite. L’ascenseur fut étrangement silencieux, il n’osa pas demander au garde s’il savait quelque chose sur cet appel soudain. Il savait, malgré lui, que non. Une fois la porte en métal de l’étage 2 ouverte, Peter le mena dans le long couloir des cellules du quartier protégé. Il entendit les cris, les railleries des détenus lorsqu’ils virent que le « patron » était de sortie. Une folie étrange et sale régnait ici, et l’air avait une odeur de sperme et de vieille merde. Il ne porta guère d’attention aux appels, aux insultes et aux menaces. Une horreur qui était devenue une triste habitude. La cellule d’Harper était tout au fond du couloir. Il vit tout de suite l’obsession de ce dernier : la cellule était beaucoup plus propre que les autres. Les draps étaient propres et pliés au fond du lit. Les toilettes étaient bien tenus, et la table qui lui servait à la fois de cuisine et de salon était remplie de feuilles, certaines blanches, d’autres remplies de notes, toutes rangées en deux piles bien distinctes dont aucun coin ne dépassaient. Harper se tenait là, sur sa chaise, faisant face aux trois hommes. Sa tenue était fraichement repassée, et sa coiffure était soignée. Il avait de longs cheveux gris qui partaient en arrière. Une peau quasi synthétique : aucune pore, aucun point noir, aucun signe d’une expérience criminelle ou d’une vieillesse quelconque. Zack put observer ses longues mains qui reflétaient une intelligence certaine, mais aussi une émotion à fleur de peau. On aurait su dire si cet individu était ou non un saint, sans connaître la gravité et la lourdeur de son casier judiciaire.

 

Bien le bonjour, Monseigneur Winter. Il fait un temps de chien, aujourd’hui, n’est ce pas ? Le ciel est plus sombre que d’habitude.

Je n’ai pas le temps pour vos fantaisies, Harper. Que me voulez vous donc ?

Chaque chose en son temps, ne soyez pas trop pressé. C’est toujours votre problème, vous, les types de l’administration. Totalement incapables de lever votre gros cul de votre putain de chaise de bureau.

Je vous interdit de me parler sur ce ton. Vous êtes sous ma direction, cet établissement m’appartient, et je ne tolérerais plus aucun écart, même de la part d’une plaie purulente telle que vous.

Ce n’est pas très gentil. Si vous voulez que je sois plus courtois, veuillez virer vos deux chiens de gardes, nous devons parler seul à seul.

Ils ne partiront pas. Soit vous crachez le morceau maintenant, sois je m’en vais et je vous colle au mitard pour m’avoir dérangé pour rien.

C’est dommage. Je crois que votre femme n’est pas allée à son travail ce matin. Ce qui est très bizarre, compte-tenu de sa ponctualité traditionnelle.

Que vient faire ma femme ici, Harper ?

Pas grand chose, mais elle pourrait découvrir ce que vous, vous faites. Votre secrétaire ne serait pas très contente que vos assauts violents sur son cul soient divulgués au grand jour, n’est ce pas ?

Je vous interdis vos insinuations infondées et dégueulasses, vous m’entendez ? Peter, collez le dans la cellule noire pendant une semaine. Qu’il voie ce qu’il en coûte de faire preuve d’insolence quand on a un dossier long comme un bras.

Vous souhaiteriez vraiment faire ça ? Et ignorer ce que je sais sur ce qu’on vous a envoyé la semaine dernière ? Ce manuscrit que vous gardez jalousement dans un tiroir de votre bureau.

Comment cette merde est-elle au courant ? Vous avez craché le morceau ?

L’agent Jones ne sait rien, Zack. Il n’y a que vous et moi qui sommes au courant de vos petits secrets.

Abrégez. Que pouvez vous me dire dessus ?

Je sais qui l’a écrit. Je sais qui l’a envoyé.

Comment pouvez vous être au courant de ça ?

Je ne vous le dirai que si j’ai une contrepartie.

Que voulez vous ?

Une visite conjugale par semaine. Je pense que c’est un prix assez juste pour ce que je vais vous dire.

Vous voulez vous envoyer en l’air après m’avoir dit l’auteur d’un manuscrit dont je ne sais rien ? Vous devez vous foutre de moi.

Croyez moi, ça vaut bien l’information.

Je ne vous promets rien. Tout dépendra si vous dites ou non la vérité. Et ce sera une visite par mois, uniquement.

2.

Ne tentez pas de négocier. Ce sera une ou le mitard, ou vous aurez tout le temps de ruminer sur votre soi disant secret.

Cette info en vaut au moins 2. Je préfère passer ma putain de vie au mitard plutôt que de céder à ça.

Crachez.

Donnez moi des garanties.

Vous n’êtes pas en position de négocier. Vite.

Désolé, patron. Si je n’ai pas de garanties, je crains de ne pas pouvoir faire grand chose pour vous.

Vous me répugnez. Je ne sais même pas pourquoi je vous écoute.

Ce n’est pas quelqu’un de chez vous.

Ca me fait une belle jambe.

Nous avons été amis.

 

Le regard de Zack s’illumina soudain. Un sourire dominait maintenant son visage.

 

Quelle sorte d’amis ?

Des amis très proches. Apparemment, vous n’avez pas encore assez avancé dans le récit. Je vous laisse le découvrir. Lorsque vous saurez quelles questions me poser, j’aurais les réponses.

Je vous jure que si vous me racontez des bobards, vous allez payer le triple de ce que je vous réservais au départ. Peter, 5 jours au mitard. Aucune négociation, cette fois ci, c’est un ordre de votre supérieur.

Allez-y, punissez moi, j’ai l’habitude des châtiments difficiles. Mais je suis sûr que vous reviendrez vers moi, et ce plus tôt que vous ne le croyez.

 

Zack s’éloigna du quartier protégé. Il n’avait qu’une hâte désormais, savoir ce que cachait ce satané bouquin. 

 

 

Prochain épisode : Dérives

RB

Le 29/12/2012

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