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27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 13:45

Entamons en ce mardi la suite de l'histoire qui a commencé il y a quelques jours à peine. Le mystère s'épaissit toujours plus... 

 

http://www.rodneymatthews.com/gfx/hmhero.jpg

 

 

Quelque part, au cours de cette nuit de prime abord semblable à toutes les autres, une étrange procession était en marche. Une masse de fumée se déplaçait dans les airs, aidée par la masse de vapeur, de charbon et de bras qui l'apportaient au monde encore innocent. Découpé comme une forme indistincte sur un rouleau usé de papier journal, celui qui était apparu n'avait pas vraiment de nom. Son origine était encore bien inconnue de tout univers tangible. Pourtant on pouvait voir, à l'usure des écrous, à la saleté des fenêtre, à la pousssière qui envahissait la tôle froissée et bâtarde, qu'il devait parcourir l'univers tout entier depuis déjà bien trop d'automnes. Sa fumée était d'un noir de suie, sablonneuse, telle une pousière sortant d'un désert argenté et éloigné de toute forme de présence. Tout autour de lui, une étrange fumée verte, brume surnaturelle sortie des livres de sortilèges anciens, semblait l'auréoler d'une symbolique légendaire toute relative. On ne voyait que de l'extérieur, 2 longues cornes et quasi symétriques sur le devant, symboles sculpturaux longs, filiformes et agressifs en même temps que nauséeux. Tout autour, le monde du visible ne voyait pour le moment que le sommeil et la chaleur de ses draps éprouvés. Les champs de blé ondulaient au ryhtme d'un vent survenu comme un sursaut dans les ombres mouvantes d'un passé reconstitué. Une fameuse odeur avait empli l'air ce soir là : une odeur de fumée et de mystère.


Un très long sifflement, strident, déchira le silence. Celui qui lui appartenait, à lui et à lui seul. Lui dont personne ne connaissait ni le nom ni l'origine. Il s'immobilisa, mais ne fit descendre aucun passager. Le train restait là, de longues minutes, à éprouver le poids du néant et du vide de l'existence, à peser toute l'étendue de la crainte qu'il aurait pu susciter s'il avait été découvert. Le train, comme le temps, restait suspendu dans le vide, ne craignant pas que quiconque ne puisse apercevoir un engin semblable à tous les autres (à quelques détails prêt), vagabonder en plein mois d'Octobre à la faveur d'une nuit silencieuse et sans étoiles. 

 

 

Will arrivait déjà sur le pas de la porte de Max. Il fut surpris, devant cette grande bâtisse beige à la clôture en bois blanc un peu usée par les ans, d'apercevoir la porte d'entrée entrouverte. Il se demanda tout d'abord qui avait bien pu faire une bêtise pareille, ne croyant pas une seconde qu'il s'agissait de son ami, précautionneux et maniaque au possible. C'était là une autre de ses particularités : Max était plus méticuleux qu'aucun autre garçon de son âge. Dans sa chambre, tous les livres, les jouets, l'univers blanc et épuré, étaient à leur place respective. Rares étaient ceux qui pouvaient d'un seul geste de la main bouger le moindre objet du moindre centimètre. Il s'agissait là d'une certaine forme d'obsession plutôt que d'une réelle folie du rangement, mais cela ne dérangeait pas Will plus que d'ordinaire. Cette porte, en revanche, cette longue meurtrière noirâtre et anéantie que constituait son ouverture, avait tout d'une anomalie universelle et inquiétante. Il n'appella pas, de peur de révéler sa présence à une autre, plus invisible et pernicieuse.


Il choisit de prendre un minuscule cailloux, posé dans le jardin comme un trophée du dimanche par les parents de son ami, et de viser sa fenêtre comme le font la plupart des garçons de son âge en guise de signal pour dire que la voie est libre, ou simplement comme une invitation. Will se souvenait si bien de son enfance, de ces rues qu'il avait appris à arpenter et à connaître par coeur. Par les quelques pas qu'il faisait tous les jours, marche corrosive et inutile. De ces lieux qui respiraient l'odeur familière du cocon de l'enfance, qu'il était peu à peu en train de perdre. Les posters de femmes se cachaient désormais sous ceux, beaucoup plus innocents, de groupes musicaux éclectiques et obscures, dont seul lui connaissait l'origine moribonde et le style désuet et un poil trop revanchard. Par les histoires que lui avait raconté son grand père, les soirs de grand vent ou le feu rougeoyait dans l'âtre et ou trainaîent dans l'air une tenace odeur de fumée vieille et reposante, qui le faisait se sentir en sécurité. Il traînait autour, et dans les murs de Pennytown, tout un folklore qu'aucun, de Lovecraft à Stocker, n'aurait jamais pu renier tant il était riche en secrets. Une ce ces histoires l'avait cependant marqué plus que les autres. C'est qu'elle s'était déroulée à quelques maisons de là, plusieurs siècles plus tôt, d'un temps où le passé semblait encore le fasciner.


"Cette histoire là est différente de toutes les autres. La femme dont je vais te raconter le tragique destin, je l'ai connue, je l'ai sérrée dans mes bras au travers des pages d'un énorme almanach désormais prisonnier de la bibliothèque et de sa poussière envahissante. Bien sûr, je ne l'ai jamais vue de mes yeux, car sinon je serais bien trop vieux pour pouvoir te la raconter", avait commecé grand père Oggy, les yeux pleins de malice, et la gorge emplie de la fumée de sa pipe en bois blanc qu'il gardait comme une relique d'un passé dont il ne parlait quasiment jamais. Le traumatisme avait été peu à peu remplacé par l'oubli, et même lui, parfois, avait des trous de mémoire quand à son destin singulier.


"Il fut un temps où les gens pensaient, peut être à tort, peut être à raison, que les femmes, détentrices du secret de la vie éternelle, fomentaient en secret sortilèges et incantations contre eux et leurs familles, et en arrivaient même parfois à menacer la paix d'une bourgade toute entière. Bien que Pennytown n'en fût jamais fière, elle a participé à cet élan de peur moyenâgeux qui consistait à croire en l'existence des sorcières. L'élégante Rosa, tenancière, avec son mari, d'une ferronerie dans le quartier dit de la Roseraie, exigeait beaucoup de sa moitié. En échange de son travail permanent, elle tenait la caisse, passait les commandes, vivait au rythme prospère d'un couple vivant et en harmonie. Une seule ombre vint cependait obscurcir cet idyllique tableau. Rosa, malgré maintes tentatives infructueuses, dut se résoudre à une inconcevable vérité : elle ne pourrait jamais avoir d'enfant, elle ne serait jamais capable de concevoir. Elle avait eu une enfance malheureuse, entre les désirs nomades de ses parents adoptifs, la maltraitance dont elle faisait quotidiennement l'objet, et cette période de paix brève dans son couple avait été la plus heureuse expérience de sa vie. Malgré tout, Rufus, son mari, aimant et dévoué, changea de comportement du tout au tout au moment où la nouvelle tomba, avec fracas et désinvolture. il s'était définitivement renfermé sur lui même, rentré dans sa coquille, ondulant à chaque question de quiconque comme un serpent, pour éviter d'y répondre. 


Rosa décida alors d'entreprendre tout ce qui était en son pouvoir pour conjurer ce qu'elle considérait comme une véritable malédiction qui la poursuivait. Elle se mit à faire appel à des puissances qu'elle n'aurait jamais dû troubler, récitant des incantations étranges lordque les nuits s'étiraient en éternités. Les gens du villages, qui avaient bien sûr entendu parler de la chasse aux sorcières, en vinrent à s'apercevoir des nouvelles lubies de la tenancière, qui se mit à avoir soudainement la réputation d'être maléfique. Pennytown était, à cette époque, le petit hameau reculé d'un royaume bien trop lointain, et légendes et superstitions rythmaient la vie bien monotone d'un peuple qui n'exigeait que peu de choses pour vivre et prospérer. 


Une nuit, alors que les yeux de Rosa étaient pétrifiés de sommeil mais toujours ouverts pour réciter une nouvelle incantations et tirer un nouveau et éventuel providentiel destin aux cartes de tarot, le peuple se souleva contre cette présence intrusive de l'occulte dans son univers si terre-à-terre. Ils décidèrent de brûler la maison, et le plus étonnant de tout, c'est que Rufus, le propre mari de la pauvre damnée, faisait partie du cortège consumant et consumé. Rosa ne survécut pas à un tel acharnement, et elle mourrut bien vite suite à l'inhalation des gaz toxiques et aux brûlures des flammes. 


Depuis ce tragique épisode, Rosa aurait, paraît-il et selon un folklore tenace, jeté une malédiction sur tous les prochains enfants à naître de cette ville. Lorsque ceux ci atteindraient l'âge de 6 ans, âge qui était le sien lorsqu'lle fut séparée de ses parents, ils seraient confrontés au monde de l'invisible, aux secrets de l'occulte, et disposeraient, comme aucun autre avant eux, d'un étrange pouvoir qui circulerait autour d'eux, comme une ombre maléfique qui les poursuivrait toute leur vie durant. Oh, bien sûr, ce n'est qu'une histoire, mais le personnage est depuis resté célèbre dans la ville et ses alentours, et on regarde souvent si les enfants, lorsqu'ils atteingent l'âge fatidique n'auraient pas, par hasard, des symptômes curieux et inexpliqués". 

 

 

Le nombre de fois ou il avait raconté cette histoire à Will ne pouvait désormais plus se compter sur les doigts de ses deux mains. De même que le nombre de versions qui lui avait été apportées, presque chaque fois différentes. Mais il en gardait ce souvenir, intact, comme cristallisé dans son esprit par on ne sait quel prodigieux procédé de sa mémoire sélective. 

 

 

La lumière de la chambre de Max s'alluma. Il était temps de revenir à la réalité. Dehors, quelque part dans le vide et l'inconnu, un train sifflait, strident et unique possesseur de l'ombre. 

 

 

R.B 
Le 27/08/2013

 

 

 


 
 
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commentaires

F
<br /> Le mystère s'épaissit effectivement mais je me laisse emporter vers cet univers inconnu qui mêle réalité avec les histoires du temps passé.. avec pour soutenir le propos le "Davy Jones's theme<br /> song" fort bien choisi.<br /> <br /> <br /> Je piaffe d'impatience de lire la suite.<br /> <br /> <br /> Bonne nuit.<br />
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