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29 août 2013 4 29 /08 /août /2013 13:21

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- Tu l'as vu, comme moi ! Un éclair blanc, comme de la foudre. Mais ce n'était pas vraiment de la foudre, hein ? 

- C'est peut être l'armée qui fait des expériences ? 

- Arrêtes un peu, Max, tu veux ? A chaque fois que quelque chose se passe ici, tu crois qu'ils font des expériences. Y'a longtemps que l'armée a quitté le secteur..." fit remarquer ironiquement Will. "Tiens, voilà Bob"; continua t'il en entendant le minuscule grincement de la porte de la chambre. 

 

Le visage de leur nouvel arrivant était circonspect, comme s'il s'attendait à voir quelque chose d'hors du commun, quelque chose qui défiait la réalité. Une moue de déception s'imprima tandis qu'il voyait les deux lurons assis côte à côte sur le lit, la fenêtre ouverte, observant l'immensité et le silence de la nuit. Ses cheveux d'un blond fin volèrent au contact d'une infime brise qui le surprit. Ses minuscules et quasi-invisibles sourcils se haussèrent puis disparurent devant l'éclat de ses yeux d'un vert à la fois malin et diabolique. Bob était encore un enfant, ou en tout cas s'habillait comme tel et faisait en sorte que l'on pense qu'il n'avait jamais vraiment remarqué avoir grandi. Pourtant, du moins en taille, il était le plus haut de tous, celui qui dominait tous les autres. Il paraissait néanmoins frèle, en raison de son allergie chronique au contact de toute activité sportive. Même élancé, il paraissait comme perdu dans sa chemise à carreaux rouge et noire trop grande pour lui, son jean taille basse qui se perdait dans les plis convexes de ses formes encore maigrelettes, et ses chaussures qui donnaient de lui l'impression d'un homme perdu en train de folâtrer dans des habits de clown d'un cirque de quartier aux décors bon marché. Les lunettes en rond d'aviateur n'arrangeaient rien...

 

Bob avait souvent les yeux en l'air, et lui seul savait ce qu'il voyait à l'intérieur même des nuages, qu'il se complaisait à personnifier. Il avait les habitudes d'une personne âgée : le soir, confortablement installé dans son fauteuil, les chaussons aux pieds et la robe de chambre qui se baladait au rythme de ses changements de positions, il tentait de se concentrer sur sa lecture, qui était bien souvent plus vieille que lui de plusieurs siècles. Bob aimait les classiques, les tisanes au tilleul (héritage, selon lui, d'une vieille tradition qu'il tenait de sa mère -où l'on devinait qu'il parlait ici avec la voix et l'esprit de son grand père, sa propre mère préférant plutôt le whisky ou le cocktail à la menthe- et dont on avait jamais vraiment pu expliquer la provenance), les films de Ray Harryhausen et autres ancêtres à la technique géniale. Il préférait le café noir au chocolat au lait, les biscuits secs et un peu mous aux brioches grillées et tartinées, les films du dimanche soir aux séries télé à la mode. Tout chez lui, du moins dans son esprit, paraissait ne pas correspondre avec le reste de son corps. Sa façon de marcher et de siffler bêtement, parfois, lorsque l'envie lui prenait et que l'air était assez chaud pour éveiller un peu de gaieté dans les esprits les plus moribonds. 

 

 

- Les parents n'ont rien entendu, personne ne sait qu'on est là. Ce sifflement... vous lavez entendu ? Ca ressemblait à celui d'une locomotive, celle d'un vieux train ou un truc comme ça...

- En pleine nuit, un dimanche ? Il faudrait être fou pour envoyer un train à cette heure là, non ?" fit remarquer Max avec une certaine désinvolture. 

- Mon grand père m'avait raconté une vieille histoire, à propos d'une locomotive fantôme. Elle ne sait ni où elle se trouve, ni où elle va. Ses passagers sont invisibles, mais sa terreur se répand à travers les champs aussi rapidement que la folie des hommes. L'air change à sa venue, tout devient plus froid. Et puis il y a ce sifflement. Sinistre. Effrayant et que seules les personnes qui n'ont pas encore perdu leur innocence peuvent entendre. Le train de la mort. 

- Et ce train de la mort... est ce que l'histoire dit quand il s'en va ? Mourir aujourd'hui, ça me gène un peu. C'est que j'ai plein de choses à faire demain... 

- Arrêtons donc un peu ces bêtises bonnes à effrayer les gosses. Ce ne sont que des histoires, des légendes trop vieilles pour être vérifiées et de toute façon bien trop invraisemblable pour que quiconque ne prenne la peine de le faire. Will, arrêtes un peu avec tes trucs macabres, tu vas filer la trouille de sa vie à notre pauvre Max. 

- Non, moi ça va. Enfin, si aucun train de la mort ne traîne dans les parages, bien sûr. 

- Je crois qu'il n'y a qu'une seule solution pour savoir de quoi il s'agit exactement. 

- Oui, si on veut découvrir qui s'est arrêté dans notre ville à cette heure ci, il nous faut nous rendre là bas. 

- Quoi ? Aller au chemin de fer en pleine nuit ? Mais... Et les bêtes... et puis si mes parents découvrent que je ne suis pas dans mon lit, je vais me prendre une sévère dérouillée, c'est sûr ! 

- Arrêtes un peu de jouer ton trouillard, Max ! Ce n'est qu'une petite excursion. La gare de chemin de fer n'est qu'a 5 minutes à pied d'ici, on va juste voir ce qui se passe et on rentre. Les parents n'en sauront rien. 

- Bon... d'accord. Mais je vous préviens, s'ils s'en rendent compte, je dis que c'est de votre faute. 

- Tu diras tout ce que tu veux plus tard. En attendant, prends une lampe de poche et filons !, chuchota violemment Bob, le plus déterminé mais aussi le plus intrigué de tous. 

 

 

 

Ce remue ménage n'avait rien d'exceptionnel, et les excursions des trois jeunes aventuriers de l'étrange avaient tendance, avec Octobre qui allait bientôt se terminer par la plus effroyable et la plus festive des nuits, dans un déluge d'orange, d'éclats de bougies et de morts vivants à la lanterne vieillie, à se multiplier de plus en plus tôt et à des intervalles de plus en plus réguliers. C'est que, si les adultes avaient tendance à être supersticieux, les enfants, eux, l'étaient encore plus mais sur des sujets bien différents. Max ferma tout. La fenêtre et la porte de sa chambre. Le parquet grinça quelque peu, mais rien de trop bruyant. La porte d'entrée se ferma aussi doucement que le reste. Puis ils s'enfuirent dans les ténêbres, vers la lumière du mystère et de l'inconnu. Chacun sa lampe de poche, chacun sa peur, chacun son appréhension mais tous le même objectif : découvrir la folie et la passionnante quintessence de l'inconnu. 

 

 

Dans la précipitation de la découverte, ils avaient tous eu un autre point commun : celui d'oublier d'éteindre la lumière de la table de chevet dans la chambre de Max. Billy, qui se réveillait d'un cauchemard incroyable mais dont il ne parvenait plus à se rappeller l'origine, fut étonné de voir ce halo jaune et transparent illuminé le dessous de la porte de la chambre de son frère en se levant pour aller à la salle de bain. Il ouvrit donc la porte pour vérifier ce qui avait causé ce réveil soudain et innatendu. Il fut d'autant plus surpris, du reste, d'y trouver le silence pesant de l'absence. Il fit le tour de la maison, en passant par la cuisine, pour vérifier que son frère n'avait pas eu une crise soudaine de "somnambulisme à tendance goinfre", comme il aimait souvent à s'en moquer. Le frigo était fermé, chaque chose était à sa place, la pénombre et le vide régnaient dans la salle à manger autant que dans toutes les autres pièces. Il marcha vers la porte, l'ouvrit et eût alors une vision des plus singulières : trois ombres, dont une un peu plus petite que les autres, courant dans la nuit noire, leurs ombres fugaces se dessinant à travers la lueur des lampadaires échauffés. 

 

 

Il remonta les marches quatre à quatre, ouvrit la porte de la chambre de ses parents, et, un sourire gracieux et festif aux lèvres, déclara : 

 

- Papa, je crois... je crois qu'on a un problème... 

 

A suivre ! 

 

RB

Le 29/08/2013

 


 

 


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commentaires

F
<br /> Mince... y a pas de suite pour l'instant... sniff...<br />
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R
<br /> <br /> La suite arrive bientôt... content que ça te plaise en tout cas ! <br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> L'intrigue continue et ma foi de façon fort bien décrite.. je me laisse transporter dans cette univers autre.. je file lire la suite.<br /> <br /> <br /> Re-bonne nuit<br />
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