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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 22:40

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Théodore se leva, par un froid matin brumeux. Ses draps étaient encore chauds, et l’air glacial lui transperça les jambes. Une journée de plus, banale comme toutes les autres, seul, éloigné de tout et de tout le monde. D’ailleurs, ce matin était particulièrement calme. Il se demandait pourquoi il n’y avait aucune agitation, pourquoi le poste à télé ou celui de la radio n’étaient pas allumés.

Il passa du stade du questionnement au stade passif, même le froid n’arrivant pas à le faire s’éveiller complètement. Son horloge était déréglée, depuis quelque temps, il dormait plus souvent qu’il ne le devait et surtout, il veillait une bonne partie de la nuit. Il repoussa sa couette, comme pour se convaincre à lui-même qu’il avait bien fait son lit, se dirigea vers l’étroite fenêtre à sa gauche et en ferma les battants. Dehors, il put apercevoir les plaines vertes de son Irlande natale et le brouillard qui se déposait au sol comme une couche de nacre sur de la soie.

Cette brume si légendaire, si énigmatique et inspiratrice de tellement de légendes. Dire qu’elle n’était qu’un simple phénomène naturel. Theodore Smallins était un garçon des plus ordinaires. Il avait 17 ans, adorait les ordinateurs et surfer sur internet, s’intéressait aux jeux vidéo et aux nouvelles technologies, et était un adolescent. Chez lui, ils étaient 4, 5 avec le chat. Chat qui n’était pas dans la cuisine lorsqu’il descendit les escaliers, ni sur le canapé ou il avait sa place attitrée. Visiblement, ses parents étaient absents.

Mais il entendit sa grand-mère à l’étage, dans la chambre isolée, dire : « Tes parents sont partis, faire une course, pour moi ! Ils ne vont pas tarder ». Il ne l’aimait pas trop, malgré qu’elle soit tout de même gentille avec lui, elle ne l’était guère avec son fils. Le père de Théodore n’avait pas voulu mettre sa mère en maison de retraite, celle-ci étant bien trop chère pour subvenir à leurs besoins. Il lui avait donc aménagé une chambre rien que pour elle. Sa télé, son lit, ses affaires. Tout pour son confort, ce qui ne lui suffisait pas.

Cela désolait Théodore de voir tout cela, mais il comprenait au moins que c’était vraiment par nécessité. Elle finirait bien par le comprendre un jour ou l’autre.  Il menait sa petite vie tranquille, loin des leçons de morale qu’il jugeait bien trop vieux jeu et anciennes. Il n’allait pas souvent la voir. C’est ainsi que comme chaque matin, il lui demanda « Tu n’as besoin de rien, grand-mère ? » d’en bas de l’escalier, alors que le pain était en train de fumer dans le grille-pain.  Celle-ci répondit : «Non merci, Théo, tu es gentil ! ».

Théodore aimait ses parents. Son père, Ethan et sa mère, Evelyn, simples ouvriers tous les deux. Evelyn travaillait dans une usine de fabrication de tissus. Quand à Ethan, c’était le garagiste de la petite ville la plus proche. Ils n’avaient pas souvent l’occasion de parler avec leur fils, plutôt renfermé sur lui-même et secret depuis quelques temps. Alors ils n’insistaient pas et disaient le strict minimum. Ils n’étaient pas du genre à noter une liste de course, ou à mettre un mot à leur fils pour énumérer la liste des corvées.

Georges était parti vivre à l’université, dans un campus, assez loin d’ici. Parfois, il manquait à Théodore, mais celui-ci avait tout de même réussi à s’en accommoder et ils se téléphonaient assez régulièrement, malgré leurs anciens conflits. Georges, contrairement à lui, adorait leur grand-mère. Il avait tissé un fort lien d’affection depuis qu’elle avait débarqué ici, un matin de Septembre, il y a 2 ans, alors que son bail venait de s’achever et qu’elle regardait déjà les prospectus pour les maisons de repos, construisant comme une araignée la toile fragile de ses vieux jours.

Théodore était installé en train de tremper son pain, lorsque sa grand-mère cria de nouveau : «Tu as trouvé tout ce qu’il te faut ? », à quoi il répondit « Oui, merci, grand-mère ! ». Mais ou diable étaient encore allé ses parents ? Faire des courses, sûrement, c’était ce qui semblait le plus plausible, ils ne disaient jamais quand le frigo passait de vide à plein en quelques jours, alors que le compte en banque passait de relativement plein à relativement vide en autant de temps. « Ou sont passés Papa et Maman ? » se risqua t’il tout de même à demander, après 2 heures à attendre en regardant des programmes insipides à la télévision. « Je te l’ai dit, ils sont allés faire une course pour moi ! », dit-elle assez fort pour que celui-ci l’entende. Le salon n’était pas loin de sa chambre, moins que la cuisine, elle entendait facilement la télévision de là ou elle se trouvait.

Lorsqu’il entendit les portes de la Peugeot claquer quelques instants plus tard, il sut que ses questions allaient trouver des réponses. Ethan entra le premier, visiblement l’air triste, des cernes sous ses yeux anormalement rouges. Evelyn le suivit de près. Théodore trouvait décidément tout cela bizarre. Ce n’était pas dans le genre de son père de se montrer particulièrement émotif ? C’était donc un euphémisme de dire qu’il le paraissait plus que d’habitude. De sa position couchée sur le sofa, il retourna à la cuisine, et fut surpris de les voir les mains vides. Il risqua : « Alors ? Ou sont vous courses ? Grand-mère a dit qu’elle vous avait envoyé faire une commission ! Vous ne les déchargez pas ? »

 

« Théodore, nous n’avons pas été faire les courses, voyons, » dit sa mère sur un ton de reproche qu’il ne comprit pas. « Nous étions à l’hôpital, ta grand-mère est morte dans la nuit ».   

 

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