Nouvel arc qui reprends deux personnages que l'on connaît, désormais la trame de fond est suffisamment établi pour tenter de vous familiariser avec l'univers d'INITIUM. Ils vont par contre se retrouver dans une situation bien particulière, dont seule la volonté pourra les extirper. C'est aussi un moyen d'apporter un peu de voyage, d'évasion dans ce monde un peu désillusionné. En espérant de tout coeur que ce voyage vous inspire.
La pénombre d’une nuit sans étoiles avait laissé place à un crépuscule teinté d’incertitudes, et plus que tout ce qu’on entendait du plus profond de la noirceur absolue du ciel, c’était bel et bien le silence, plus bruyant encore que des feuilles mortes balayant un trottoir un matin d’automne, plus fracassant que le bruit d’une goutte de rosée qui s’écrase sur une feuille assoiffée avant que la forêt ne se réveille et ne se prépare à son rituel quotidien ; qui se distinguait de tous les autres sons.
En dessous du gigantesque aigle qui étendait ses ailes comme pour cacher à la galaxie la vue d’une terre inconnue juste là, tout près d’eux ; il y avait des nuages, morceaux de chairs galactique amovibles et pourtant tellement inertes, qui écoutaient le bruissement des ailes de l’oiseau dans le vent automnal et incertain, changeant sans cesse d’humeur de par ses bourrasques autant que ses accalmies momentanées et surprenantes de poésie. Ils étaient désormais assez loin de toute présence hostile, et c’est lorsque Helphias en fit la demande opportune qu’Ethan commença lentement à faire sa descente royale.
Il traversa cette gigantesque étendue de brume infime aussi aisément qu’un battement de cils, et ils découvrirent alors la lande vierge, tels qu’ils l’avaient imaginé pendant tout le reste du voyage ou ils n’avaient vu que le soleil réduire à néant tous ses espoirs de retours au moyen d’un fondu au noir des plus intriguant, chaque jour plus mystérieux et fascinant que la veille. On ne comprendrait certainement cette vénération pour le soleil qu’une fois qu’il aurait définitivement disparu. Un matin, les êtres se lèveraient comme chaque jour, prêts à démarrer une nouvelle journée de routine, une nouvelle vulgarité ordinaire. Mais le soleil, lui, ne se lèverait pas.
Le monde resterait plongé dans la pénombre, et les incertitudes d’une espèce toute entière s’en trouveraient bouleversées, peut être même autant que l’ensemble de leurs convictions profondes. Mais ce jour n’était pas encore arrivé. Il planait pourtant, comme un sursis qui n’attendrait qu’un feu vert d’une entité plus puissante que le monde lui-même pour exécuter sa basse besogne. La nuit éternelle fait peur, parce que c’est en elle que s’accomplissent tous les vices, les terreurs cachées, les monstres dans les placards. Mais la peur elle-même n’est pas la nuit, elle peut s’accomplir en pleine journée. La nuit n’est qu’un moment propice à l’imagination fertile des rebuts qui ne cherchent que la gloire de la haine et de la terreur. Et tout cela bien sûr, chacun en est éminemment conscient. De par ce doute permanent, ils avaient réussi à faire passer chaque jour comme s’il était exceptionnel, à ne pas attendre que le temps passe, plutôt qu’il s’arrête d’un seul coup, à tout jamais, comme l’eau qui s’infiltre dans les ailes d’un signe. Comme la paresse bénéfique et fascinante d’une ombrelle, comme la flamme vacillante mais néanmoins vivante emprisonnée dans les yeux d’un chat.
Les deux êtres formant un seul et même ensemble, comme fusionnel, du cavalier et de son destrier, se séparèrent soudain. D’un mouvement aérien et virtuose, Helphias se transforma en cette frêle et innocente créature qui le caractérisait et le représenterait certainement à tout jamais, et suivit Ethan vers le sol avec une rapidité presque maladive. Ils rabattirent tous deux leurs ailes comme un parapente qui voudrait planer plus longtemps, et touchèrent le sol comme une goutte de sang l’aurait fait dans un corps déjà fonctionnel et avide.
Comme c’était de coutume, leurs serres se transformèrent en orteils, leurs pattes en jambes, leurs ailes en bras, et les plumes furent rapidement remplacées par des poils. Alors qu’ils étaient là, les habits en lambeaux, Helphias n’eut qu’à faire un simple mouvement du poignet pour que les toges déchirées ne se reconstituent d’elles même. Un tour de passe-passe fascinant, qu’il avait du répéter maintes fois avant d’intégrer la chambre du Conseil pour tenter vainement de prendre de l’importance en son sein.
-Il semble que l’endroit soit sûr. Vient, Helphias, trouvons un endroit à l’abri de la bruine ou nous pourrions passer la nuit, dit Ethan d’un ton incertain, essayant de visualiser le terrain pour repérer tous danger éventuel qui pourrait les stopper dans leur course.
En effet, ils ne l’avaient pas remarqué jusqu'à présent mais la pluie, légère et salvatrice pour une nature aussi indomptable qu’une plume dans les tourments venteux d’une montagne assourdissante et endormie, faisait désormais partie du paysage. Et les nuages autrefois si légers étaient maintenant pesants de colère et de leur mine assombrie contemplaient le désert de verdure qui profitait de leurs humeurs régénératrices.
Malgré toute cette agitation, cette activité de perpétuel mouvement, la nature, hormis la pluie qui émettait ce clapotis caractéristique en touchant le sol, semblait encore endormie. Comme si le temps n’avait plus aucune incidence sur ce morceau de terre désolé, ou toute vie semblait absente. Helphias et Ethan marchèrent de longs instant dans ce sombre désert de verdure, se protégeant le visage et le corps avec le bout de tissus qui leur servait d’habit, et qui leur empêchait de montrer au monde leurs meurtrissures et leurs démons intérieurs.
Deux individus qui se cachaient derrière des paravents, et dont la vie respective ne pouvait se deviner qu’à travers leurs jeux d’ombres chinoises, orientales, envoûtantes et secrètes.
A suivre...